Croissance ralentie en Afrique subsaharienne selon la Banque mondiale
La modération de l’inflation dans plusieurs pays permettra aux autorités de commencer à réduire les taux d’intérêt élevés, stimulant ainsi l’activité économique. Toutefois, les prévisions de croissance demeurent menacées par des risques liés aux conflits armés et aux catastrophes climatiques, comme les sécheresses et inondations.
ECONOMIE
La Rédaction
10/15/20242 min read


La Banque mondiale a revu à la baisse ses prévisions de croissance économique pour l'Afrique subsaharienne, passant de 3,4 % à 3 % pour 2023. Cette révision est principalement attribuée aux effets dévastateurs de la guerre civile au Soudan, qui a paralysé l’économie du pays, provoqué des famines et déplacé des millions de personnes. Néanmoins, la croissance de la région devrait rester supérieure à celle de 2022 (2,4 %), portée par une augmentation de la consommation privée et des investissements, selon le rapport Africa’s Pulse. Pour 2024, la Banque mondiale prévoit un rebond à 3,9 %, légèrement supérieur à sa précédente estimation de 3,8 %.
La modération de l’inflation dans plusieurs pays permettra aux autorités de commencer à réduire les taux d’intérêt élevés, stimulant ainsi l’activité économique. Toutefois, les prévisions de croissance demeurent menacées par des risques liés aux conflits armés et aux catastrophes climatiques, comme les sécheresses et inondations. Sans le conflit au Soudan, la croissance régionale en 2024 aurait pu être supérieure de 0,5 %, conforme aux estimations initiales d’avril, souligne le rapport. Parmi les grandes économies, l’Afrique du Sud devrait afficher une croissance modeste de 1,1 % en 2023, tandis que le Nigeria et le Kenya prévoient des hausses respectives de 3,3 % et 5 %.
Des dettes élevées et des investissements insuffisants freinent le développement
La région continue de souffrir du ralentissement amorcé après l’effondrement des prix des matières premières en 2014 et aggravé par la pandémie de COVID-19. Selon Andrew Dabalen, économiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale, la faiblesse des investissements publics et privés compromet la reprise économique. Le redémarrage des investissements directs étrangers, observé depuis 2021, reste insuffisant pour permettre une croissance durable et une réduction significative de la pauvreté. Dabalen a insisté sur l’importance d’un afflux d’investissements plus conséquent pour accélérer le développement de la région.
Par ailleurs, les coûts élevés du service de la dette limitent la marge de manœuvre de nombreux pays, comme le Kenya, qui a été secoué par des manifestations contre des hausses d’impôts. La dette extérieure totale des économies africaines est passée de 150 milliards de dollars il y a 15 ans à environ 500 milliards aujourd'hui, avec une grande partie due aux investisseurs obligataires et à la Chine. Plusieurs pays, dont le Ghana, la Zambie, le Tchad et l’Éthiopie, ont dû restructurer leurs dettes dans le cadre de l’initiative du Common Framework du G20. Toutefois, Andrew Dabalen a averti que tant que les problèmes d’endettement ne seront pas résolus, les investisseurs resteront prudents, ce qui nuira à la relance économique de la région.