Gabon : le projet de constitution intègre de nouveaux critères d'éligibilité pour le Président de la République

Le projet de Constitution est désormais connu. Sa diffusion a été l'occasion de constater l'évolution significative de certaines dispositions, présentes dans la première mouture, vivement contestée par une partie de la classe politique et de la société civile. Introduisant de nouveaux critères d’éligibilité pour l’accès à la fonction suprême, le nouveau projet de loi fondamentale devrait contribuer de façon déterminante à la réunion des conditions d'une victoire du "Oui", lors du référendum prévu pour le 16 novembre prochain.

POLITIQUE

La Rédaction.

10/21/20243 min read

Le projet de Constitution est désormais connu. Sa diffusion a été l'occasion de constater l'évolution significative de certaines dispositions, présentes dans la première mouture, vivement contestée par une partie de la classe politique et de la société civile. Introduisant de nouveaux critères d’éligibilité pour l’accès à la fonction suprême, le nouveau projet de loi fondamentale devrait contribuer de façon déterminante à la réunion des conditions d'une victoire du "Oui", lors du référendum prévu pour le 16 novembre prochain. Les nouvelles dispositions traduisent la volonté de renforcer la légitimité de la fonction présidentielle, tout en préservant les équilibres sociaux qui fondent l'identité de la nation.

Une Éligibilité Renforcée par des Critères de Nationalité

La première exigence du projet, eu égard à la fonction suprême, est d’ordre identitaire. En effet, seuls les Gabonais, sans distinction de sexe, ayant un parent né Gabonais, et possédant une nationalité gabonaise unique et exclusive, peuvent aspirer à la présidence. Cette disposition exclut toute forme de double nationalité pour les candidats à cette fonction. L’objectif affiché est d’éviter les conflits d’intérêts internationaux et de garantir une loyauté totale envers la nation.

La Condition de Mariage : Un Principe d’Enracinement

Le projet de Constitution va plus loin en imposant que le ou la candidate soit marié(e) à un(e) Gabonais(e) ayant au moins un parent lui-même né Gabonais. Cette clause vise à renforcer l’enracinement familial et national du futur président, consolidant ainsi un attachement aux valeurs locales et à l’identité gabonaise.

Des Exigences d’Âge et de Résidence

Pour garantir une maturité politique et une proximité avec les réalités nationales, les candidats doivent être âgés de 35 à 70 ans au moment de l’élection. De plus, ils doivent justifier d’une résidence continue de trois ans sur le territoire gabonais avant le scrutin. Cette exigence renforce l’idée que le futur président doit connaître les défis du pays et rester en contact permanent avec ses concitoyens.

Maîtrise d’une Langue Nationale : Un Signal Fort pour l’Unité

Le texte propose une exigence culturelle forte : les candidats devront parler au moins une langue nationale. L'on est toutefois en droit de se demander ce que les rédacteurs de ce projet de loi fondamentale entendent par "langue nationale". Le français entre-t-il dans cette catégorie? Quoi qu'il en soit, gageons que la question suscitera des débats intéressants, d'autant qu'avec l'assouplissement de certaines dispositions du texte, certains acteurs contestataires du projet initial ont vu l'herbe coupée sous leurs pieds.

Un Collège Médical pour évaluer l’État de Santé du Président

Pour assurer une présidence efficace et durable, le projet impose aux candidats de jouir d’un état complet de bien-être physique et mental. Cette évaluation sera confiée à un collège médical désigné par les Bureaux du Parlement, qui prêtera serment devant la Cour Constitutionnelle. Cette mesure témoigne de la volonté des législateurs de garantir que le futur président soit apte à assumer ses fonctions avec intégrité et lucidité.

Respect des Droits Civils et Politiques

Enfin, les candidats doivent jouir de l’ensemble de leurs droits civils et politiques, sans condamnations ou interdictions affectant leur crédibilité et leur capacité à exercer la magistrature suprême.

Une Nouvelle Constitution pour une Nouvelle Vision

Ce projet de réforme constitutionnelle reflète un désir d’instaurer une présidence plus inclusive, responsable et enracinée dans les réalités nationales. En limitant les critères de double nationalité, en valorisant la maîtrise des langues locales et en renforçant les contrôles médicaux, le Gabon cherche à consolider la légitimité et la stabilité de ses institutions. Si adopté, ce texte pourrait marquer un tournant historique pour le pays, en traçant les contours d’une gouvernance plus rigoureuse et plus proche de son peuple. Le tout étant naturellement soumis à la qualité et aux valeurs des compatriotes qui auront, demain et après-demain, le privilège d'accéder à la fonction suprême. Car en fin de compte, les institutions ne sont jamais que ce que les hommes et les femmes décident d'en faire.