Le Tchad, entre Moscou et ses alliés traditionnels

Le président tchadien Mahamat Déby

Le Tchad, partenaire de longue date de la France, est en train de redéfinir ses alliances en approfondissant ses relations avec la Russie, tout en maintenant des liens avec ses partenaires occidentaux. Le président Mahamat Déby a visité Vladimir Poutine en janvier, et Sergei Lavrov a fait une visite à N'Djamena en juin pour renforcer ces nouveaux liens. Si certains responsables tchadiens ont évoqué une possible coopération militaire avec la Russie, l'accent actuel est surtout mis sur le renforcement des relations culturelles et médiatiques, illustré par l'ouverture d'un centre culturel russe à N'Djamena.

Ces développements irritent Paris et Washington, d'autant plus que la Russie a déjà démontré son efficacité dans l'utilisation des outils culturels et informationnels, notamment les médias sociaux, pour propager un discours anti-occidental au Sahel. Avec les récents revers subis par la France et les États-Unis au Mali, au Burkina Faso et au Niger, toute indication d'un basculement du Tchad vers un partenariat privilégié avec la Russie serait un coup dur pour les anciens alliés. Malgré les frictions, Déby semble utiliser ces relations pour maintenir une position stratégique et négocier avec les puissances occidentales, notamment en ce qui concerne le maintien de forces américaines et françaises sur le sol tchadien.

En dépit de cette ouverture vers Moscou, le Tchad reste un allié crucial pour l'Occident, particulièrement en raison de sa situation géographique stratégique, entouré de crises régionales en Libye, au Soudan et en République centrafricaine. Déby, qui a été installé au pouvoir après la mort de son père en 2021, se sert habilement de cette position pour équilibrer ses relations avec l'Est et l'Ouest. Pour le moment, Paris et Washington espèrent que l'approfondissement des liens avec la Russie ne deviendra qu'un complément diplomatique et non une alternative aux alliances historiques du Tchad.