Les hommes et la baisse de la fertilité : un enjeu invisible

Une étude en Norvège a révélé que parmi les hommes aux revenus les plus bas, 72 % n’ont pas d’enfants, contre seulement 11 % dans les hauts revenus. Cette inégalité en matière de procréation entre les catégories socio-économiques a des effets durables, notamment sur la santé mentale et le sentiment d'accomplissement de nombreux hommes.

SOCIÉTÉ

La Rédaction.

11/7/20242 min read

La chute des taux de natalité est un phénomène global qui dépasse les prévisions, touchant aussi bien l’Asie que l’Amérique latine, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. En parallèle, de nombreux adultes, surtout dans les pays industrialisés, se retrouvent sans enfants, que ce soit par choix personnel ou par "infertilité sociale". Dans certains cas, cette stérilité n’est pas due à un problème biologique, mais à une série de facteurs économiques et sociaux qui retardent ou empêchent la parentalité.

Les hommes, particulièrement les moins favorisés économiquement, sont plus souvent confrontés à cette forme d'infécondité. Une étude en Norvège a révélé que parmi les hommes aux revenus les plus bas, 72 % n’ont pas d’enfants, contre seulement 11 % dans les hauts revenus. Cette inégalité en matière de procréation entre les catégories socio-économiques a des effets durables, notamment sur la santé mentale et le sentiment d'accomplissement de nombreux hommes.

Certains chercheurs parlent d'une "infertilité sociale" et d’une "crise de la masculinité". Le sociologue Vincent Straub évoque le "malaise masculin", où l’incertitude professionnelle et la pression de la réussite rendent difficile la projection dans la parentalité. En effet, la tendance des femmes à rechercher des partenaires de même niveau ou de niveau supérieur a accentué ce phénomène, créant un "fossé de l’accouplement" qui touche particulièrement les hommes aux niveaux d’éducation et de revenus les plus bas.

Un manque de données sur la fertilité masculine accentue l’invisibilité de cette problématique. De nombreux pays ne collectent que des données sur la fertilité féminine, ce qui rend difficile la compréhension de la dynamique globale. Pourtant, des recherches montrent que les hommes également sont affectés par une horloge biologique, et que leur fertilité diminue avec l’âge, en plus des contraintes sociales et économiques qui retardent la parentalité.

Pourtant, la parentalité ne se limite pas à avoir des enfants biologiques. De plus en plus de sociologues encouragent une définition élargie, incluant l’"alloparentalité", un concept selon lequel les individus sans enfants biologiques peuvent jouer des rôles essentiels de soutien dans la communauté. De nombreux hommes, sans avoir de descendance directe, contribuent aux soins et à l’éducation de jeunes, un rôle encore peu reconnu dans les statistiques mais crucial pour le tissu social.

Reconnaître le rôle des hommes dans la parentalité pourrait aussi stimuler leur bien-être. Dans l’Union européenne, très peu d’hommes prennent des congés parentaux par rapport aux femmes, même s'il est prouvé que s’occuper d’un enfant a des effets positifs sur la santé. Encourager une parentalité plus inclusive et des politiques de soutien pourrait offrir un équilibre plus sain et valorisant, réduisant à terme les inégalités et l'infertilité sociale qui affecte de plus en plus d’hommes.