Promesses trompeuses : des jeunes Africaines piégées dans une usine de drones en Russie

Dans le cadre d'une vaste campagne de recrutement en ligne, des jeunes Africaines se sont vues promettre un billet d’avion gratuit, un emploi bien rémunéré et une opportunité d’apprentissage en Europe.

INTERNATIONAL

La Rédaction

10/11/20242 min read

Dans le cadre d'une vaste campagne de recrutement en ligne, des jeunes Africaines se sont vues promettre un billet d’avion gratuit, un emploi bien rémunéré et une opportunité d’apprentissage en Europe. Elles devaient simplement compléter un jeu informatique et réussir un test de vocabulaire russe. Cependant, à leur arrivée en Russie, certaines ont découvert qu’elles allaient travailler dans une usine de fabrication d'armes au Tatarstan, où elles seraient chargées de l'assemblage de drones militaires iraniens, destinés à être utilisés contre l’Ukraine.

Une fois sur place, ces jeunes femmes ont exprimé leurs désillusions face aux conditions de travail qu'elles n'avaient jamais imaginées. Elles se sont confiées à l’Associated Press sur les longues heures de travail sous surveillance constante, les promesses non tenues concernant leurs salaires, ainsi que les effets des produits chimiques caustiques utilisés dans l'usine, provoquant des irritations cutanées et d'autres symptômes de malaise. Recrutées à travers divers pays d'Afrique et d'Asie, elles se retrouvent dans une situation où leur sécurité et leur bien-être sont compromis.

Face à la pénurie de main-d'œuvre liée à la guerre en Ukraine, la Russie a intensifié ses efforts pour attirer de jeunes femmes étrangères, en ciblant particulièrement des Africaines âgées de 18 à 22 ans. Selon une enquête approfondie de l’AP, près de 200 Africaines non qualifiées participent à la production d’armes dans cette usine du Tatarstan, aux côtés d'adolescents russes. Bien que certaines aient pu quitter l’usine ou trouver d'autres opportunités en Russie, leur situation reste largement incertaine.

L’usine d’Alabuga, au cœur de la zone économique spéciale du Tatarstan, a intensifié ses activités depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022, produisant désormais jusqu’à 6 000 drones par an. Ce complexe, autrefois destiné à attirer des investissements civils, s’est transformé en une plaque tournante de la production de drones militaires. Cette transformation rapide soulève des questions sur la qualité des produits fabriqués et les conditions de travail des employées recrutées sous de fausses promesses.

Malgré l’espoir de certaines travailleuses de trouver un avenir meilleur en Russie, beaucoup se sentent trahies et exploitées. Les salaires promis se révèlent inférieurs à ceux espérés, et le coût de la vie sur place grève leurs revenus. En dépit de ces conditions, elles sont encouragées à ne pas parler de leur travail à des étrangers et à dénoncer leurs collègues. L’AP a tenté de contacter des représentants russes et des gouvernements africains pour obtenir des réponses, mais peu ont réagi ou annoncé des enquêtes.

Les experts en droits humains mettent en garde contre les pratiques de recrutement frauduleuses qui peuvent s’apparenter à la traite d’êtres humains. Cette situation préoccupante montre comment la Russie, en difficulté sur le front ukrainien, recourt à des tactiques déshumanisantes pour soutenir son industrie militaire.