Référendum au Gabon : un débat dérouté par le régionalisme
Le référendum prévu au Gabon, initialement conçu pour permettre aux citoyens de se prononcer sur la nouvelle Constitution, semble dévié de son objectif premier.
POLITIQUE
La Rédaction
10/11/20242 min read


Le référendum prévu au Gabon, initialement conçu pour permettre aux citoyens de se prononcer sur la nouvelle Constitution, semble dévié de son objectif premier. Ce processus, censé être un exercice démocratique, est de plus en plus utilisé pour réaffirmer le soutien au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et à son président, Brice Clotaire Oligui Nguema. Des références persistantes au CTRI et à la durée de la Transition compromettent la sincérité des débats, qui sont désormais davantage marqués par des luttes de positionnement politique et des arrière-pensées stratégiques.
Cette dérive a pris un tournant avec des slogans tels que « Le Woleu-Ntem dit Oui au référendum et à Brice Clotaire Oligui Nguema », provoquant incompréhension et confusion. Certains s'interrogent sur le moment où la consultation constitutionnelle est devenue une affaire liée à la personne du président de la Transition. Ce glissement s’accompagne d’arguments douteux, mêlant soutien au CTRI et plébiscite pour la future présidentielle de 2025, au lieu de se concentrer sur la validation du texte constitutionnel en cours de discussion.
Le débat a également dérivé vers des considérations ethniques, en particulier lors de rassemblements régionaux, comme celui du Woleu-Ntem. Ces initiatives ont suscité des inquiétudes quant à l’exploitation de l’identité communautaire à des fins politiques. Ce type de discours, en contradiction avec les principes d’unité nationale et de valeurs républicaines, pourrait avoir des conséquences négatives sur le climat politique et la perception de la Transition par les Gabonais.
Finalement, le risque est de transformer ce référendum en un plébiscite dissimulé, testant ainsi la confiance des citoyens dans les urnes. Officiellement, la campagne n’a pas encore débuté, mais la polarisation autour du CTRI et de son président laisse entrevoir un piège politique. La sincérité de ce processus référendaire sera jugée non seulement par le résultat final, mais aussi par le taux de participation, révélateur de la véritable adhésion des Gabonais aux enjeux constitutionnels et politiques actuels.